Journée du Samedi 03 Juin

Le village des éco acteurs en ébullition

9 h : le parc du château d'Espeyran s'anime dans tous les sens, et sur fond de balance musicale, en ce début de journée ensoleillé. Zombie Zombie, le groupe attendu pour la veillée de samedi, est sur scène pour tester le son, et dans le parc, tous les éco-acteurs arrivent avec leurs baluchons, leurs cartons, leurs affiches, les documents. Le club d'aviron vient même avec son matériel de sport pour faire ramer le public. Tous lesparticipants préparent les stands éparpillés dans le grand parc d'Espeyran et toute la journée, vont présenter eurs actions au public.

 

Acte 3 s'assigne la mission de réunir des personnes engagées et militantes sur le plan social, culturel, alimentaire, environnemental...
Ici l'ambition est de créer du lien et des instants de partage entre toutes les personnes qui se croiseront, d'évoquer les questions écologiques, autour, pour cette troisième édition, du thème de l'eau, dans une atmosphère convivale. Acte mise sur les enfants et les adultes qui sont attendus et peuvent venir piocher dans un programme très riche, adapté à toutes les sensibilités.

 

Acte 3, c'est parti et ça va durer jusqu'à dimanche soir !

 

De l’eau, rien que de l’eau

La troisième édition du festival Acte prend son envol autour d’un thème majeur, celui de l’eau, « celle qui nous émerveille par une fontaine, celle qui nous inquiète quand elle vient à manquer, mais celle aussi qui nous dramatise quand viennent les inondations » pour reprendre les mots prononcés lors de l’inauguration…

L’eau, pendant deux jours, va comme couler de source dans la bouche des éco-acteurs et de tous les participants. Elle se fait même le trait d’union entre la banlieue parisienne et Saint-Gilles, entre les jeunes de la Maison Jaune, basée à Saint-Denis, et ceux de la Croisée, centre social de Saint-Gilles. Ensemble, ils ont tenu une correspondance à distance sur le thème de l’eau et du canal (l’Ourcq à Paris et du Rhône à Sète à Saint-Gilles). Il n’y a qu’à lire les lettres de ces ados, sur le stand de la Maison Jaune, pour se convaincre que oui, la jeune génération a bien les pieds dans la terre et la tête remplie de multiples problématiques écologiques. Il y a mille gestes à faire. Comment gérer la ressource Eau et plus largement le vivant ? En SEN-SI-BI-LI-SANT et en apportant des réponses concrètes par l’exemple. Au fond du parc d’Espeyran, il y a une piscine gonflable pour rafraîchir les pitchounes du festival. On voit déjà les gros yeux se tourner vers nous. Quoi une piscine aux journées de la biodiversité, quel paradoxe, quelle provocation !!! Mais pas de panique. Cette installation se veut pédagogique, afin d'enseigner aux petits et grands les meilleurs gestes possibles pour économie l'eau ! Et l’eau de la piscine sera utilisée pour arroser des plantations du parc, avec la collaboration des jardiniers d'Espeyran.

 

Stand de la maison jaune 
La correspondance entre les jeunes de la maison jaune et de La Croisée

Atelier-conférence
Comprendre la Camargue avec un puzzle XXL !

Comment s’est construit le Delta de la Camargue et son système hydraulique ? De manière naturelle, mais pas seulement. La main de l’homme a façonné ce territoire et c’est toute l’ambition de la conférence-atelier présentée à trois voix, samedi à Acte, par les animatrices du Syndicat mixte de la Camargue et le Parc naturel régional de Camargue que d’expliquer cette passionnante histoire.

Et pour débuter cet exposé, Florine Escot, directrice de la Maison du grand site à Aigues-Mortes, s’est doté d’un outil pédagogique et ludique itinérant : un puzzle géant, carte de la Camargue format XXL, pour présenter l’évolution du territoire et de cette zone humide au fil des siècles. Et conter son incroyable système hydraulique qui s'étend des frontières de l'Hérault jusqu'aux Bouches du Rhône. 

À l’époque romaine, la Camargue est formée par le fleuve Rhône qui vient se repandre sur un territoire plat. Il se divise alors en 5 bras, et amène avec lui du sable qui viendra grignoter la côte. « Ce qui explique que le trait de cote a bougé, bouge encore et continuera de bouger », reprend Florine Escot, qui développe l’autre aspect important de la construction de la Camargue : « Les Hommes ont vite compris que les terres du nord du Delta étaient des terres intéressantes à cultiver. » Mais un obstacle met à frein aux ambitions humaines : les inondations. « On a construit des digues pour lutter contre ces phénomènes, et pour cultiver on a construit des martellières et des roubines afin de mieux gérer l'irrigation. Aujourd’hui, on parle d’espace naturel mais la Camargue est complètement gérée par l’homme », reprend l’animatrice qui évoque l’apparition des étangs, la disparition de certains bras du Rhône. En commentant, Florine Escot bouge les pièces de son puzzle, les déplace et les remplace. La Camargue évolue sous nos yeux, en direct, telle une fresque animée.

Atelier sur le système hydraulique de Camargue

Riziculture, culture de la sagne, pêche et chasse autour des étangs, viticulture, mais aussi tourisme avec les plages de sable de fin, production de sel, prés pour l’élevage de taureaux… La Camargue est un territoire qui repose sur de multiples richesses et n’échappe pas à de nouvelles problématiques, comme la salinité des terres qui vient perturber les exploitations agricoles. Le syndicat mixte de la Camargue et le parc régional naturel de Camargue, créé en 1970, veulent agir dans la gestion du territoire et le maintien de la biodiversité, informer et sensibiliser les populations, et parfois créer du dialogue. « La ressource eau et les diverses problématiques liées au réchauffement climatique peuvent engendrer des conflits d’usage. Nous sommes aussi dans une période où la culture de la sagne régresse. » Sensibiliser les habitants, réfléchir à cette mer qui gagne du terrain, aux façons de conserver cette réserve de biodiversité sont les nouvelles missions des éco-acteurs du territoire de Camargue.

Vous souhaitez bénéficier d'un atelier avec le puzzle géant de la Camargue, organiser une animation pour des scolaires ?
N'hésitez pas à contacter le syndicat miste de Camargue, Florine Escot.

Rencontre avec un sourcier

 

Trouver de l'eau :
J'ai rencontré Lamy André, président de Saint-Gilles Ville Fleurie, pour un petit cours de sourcier !

Tout le week-end, André s'est activé pour initié le public au rôle de sourcier.
Vous serez étonné d'apprendre qu'il y a de l'eau au Château d'Espeyran ! Je l'ai expérimenté :
Baguette en main, je n'ai eu qu'à faire quelques pas pour les voir se croiser telles de vraies baguettes magiques...
André m'a expliqué qu'il s'agissait d'une connexion avec les énergies de la terre qui agissait à travers moi.
En donnant quelques coups au sol, il est aussi capable de savoir à quelle profondeur il faut creuser et quel est le débit  de l'eau !
Après tout, la magie ne serait pas de la science qu'on a pas encore réussi à expliquer ?

De l'eau pour le commun des mortels

Roland Roux, président du Centre Permanent d'Initiatives pour l'Environnement (CPIE) Rhône-Pays d'Arles, a introduit le cycle de conférences de l'après-midi par une réflexion à discuter ensemble. Cet ancien enseignant refuse de parler en expert ou en savant de la question de l'eau, mais il nous invite à nous interroger avec lui au passage de l'intérêt individuel pour l'écologie et l'eau à la construction d'un commun.

Les enjeux environnementaux sont aujourd'hui des sujets de tensions. Parmi eux, l'eau est une problématique transversale qui est connectée aux questions climatiques et sociétales. En plus d'être une donnée géographique qui façonne les paysages, l'eau est une ressource liée aux usages humains : agricultures, industries, loisirs, domestiques… Nos modes de vies impliquent de répartir une eau douce de plus en plus rare entre des acteurs et des usages privés de plus en plus discutés. A tel point que l'on commence à considérer cette ressource qui paraissait illimitée il y a encore un demi-siècle comme un objet patrimonial, politique, commun. Comment passer de l'intérêt privé à la mise en commun?

Ce passage au commun implique trois étapes. En tant qu'acteur du CPIE, Roland Roux a déjà opté pour informer les citoyen.nes sur les enjeux de l'eau. Il considère que l'engagement commence par la construction d'une culture personnelle, d'une opinion sur l'eau basée sur la connaissance. Un second niveau d'engagement est la prise de position des citoyen.nes dans l'espace public par rapport à d'autres acteur.ices. Cette échelle collective nous fait passer de l'intérêt privé à une forme de militance. Plus général encore, le commun que cherche à atteindre Roland Roux est la gestion commune de la ressource, qui dépasserait la somme des intérêts individuels. Comment les citoyen.nes pourraient-ils jouer un rôle dans la gouvernance de l'eau? Quel est la nature de l'engagement qu'il faut avoir pour cheminer vers ce commun?

Peut-être faudrait-il comprendre quel est le statut de l'eau et des ressources naturelles aujourd'hui. Dans la pensée libérale classique, la ressource naturelle est gratuite. Seul le travail et la technique humaine ont une valeur économique. Le prérequis de cette vision du monde est que les ressources naturelles soient suffisamment abondantes pour que chacun puisse s'en approprier une partie par son travail. Ce ne sont pas encore des objets politiques. Maintenant, chacun dans son jardin se rend bien compte que le terrain de golf du voisin est plus vert en période de sécheresse parce qu'il s'est approprié une petite part de quelque chose qui devient rare. Le sujet de l'eau semble récent, mais la question de comment faire politique est, elle, déjà très arpentée. 

Parole de l'intérieur

Léa Déjeux, chargée de mission au château d'Espeyran, philosophe en environnement, a animé l'agora avec la militante écolo Léna Lazare, samedi en fin d'après-midi, devant un public fourni et sensible au sujet des mega bassines. Un tème qui résonne avec l'actualité récente (Sainte Soline). Pour Léa, 25 ans, animer une conférence en direct est une première et un défi. À travers ce texte, elle nous confie sa perception de moment fort du festival qu'elle n'est pas prête d'oublier, et nous non plus. 

"Il s’est passé un truc. Sensible.  

J’ai toujours rêvé qu’il y ait, ailleurs que dans le petit monde des militant.es, un endroit où on pourrait parler de manière sensible de ce qu’il se passe quand une manifestation dégénère. Aller au-delà des « Y avait-il parmi vous des gens qui voulaient tuer des flics ? », des « Si vous voulez poser des bombes pour l’écologie, allez-y les jeunes, toutes les actions comptent ! » et des « et alors maintenant, c’est quoi votre stratégie pour le mouvement ? ». Qu’on pourrait sentir les choses qu’on ne sent pas en se nourrissant des images chocs sur nos réseaux. Quelque chose qui reste et qui hante parfois. La stupeur, la reconstitution des faits, encore et encore. Les blessés qui sont aussi des potes. Rencontrer une bienveillance et une compréhension dans le public, une discussion qui commence. Sensible. Léna Lazare est là, elle est stressée elle aussi. On s’est rencontrées un peu avant le début de l'Agora, elle semble avoir une détermination sans faille. Moi, c’est la première fois que je tends le micro à quelqu’un devant un public. J’ai super peur de lui poser une question qui la mette en difficulté. J’ai envie qu’il se passe autre chose. Beaucoup de gens sont venus l’écouter. Les comités locaux qui se mobilisent contre l’artificialisation des sols et les mégaprojets ici aussi. Ils ne se connaissent pas mais ont quelque chose en commun. Se racontera ici une expérience de la violence et de la colère, mais aussi de la marque qu’elles laissent en nous. Quand une manifestation dégénère, il faut trouver un espace pour prendre une respiration, et parler."  

Léa Dejeux

 

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